Les graines de lins sont particulièrement difficiles à moudre en raison de leur résistance mécanique et de leur caractéristique mucilagineuse, cette dernière implique que la moindre trace d'humidité va les faire coller au moulin et freiner leur descente vers le broyeur, de plus elles semblent se charger facilement en électricité statique ce qui leur donne encore une autre capacité d'adhérence! Cette résistance associée au fait que les graines de lin sont l'un des meilleurs réservoir du monde végétal en oméga 3 motive pour effectuer quelques tests permettant de sélectionner un bon moulin tout en améliorant la manière de l'utiliser :
Image(s) documentée(s) à ne pas manquer :
Des tests ont été effectués avec six moulins différents et les comparaisons sont données ci-dessous :
- Moulin manuel à poivre : étonnamment il a fonctionné très bien pour le lin, aucun blocage des graines, peu d'effort à fournir, mais les quantités obtenues sont dérisoires, il faudrait une bonne demi-heure d'effort pour se faire une ration matinale. normal, c'est prévu pour le poivre qui lui se consomme en très petites quantités.
- Ancien moulin manuel à café : surprise, aucun effort à fournir, la manivelle tourne presque toute seule et ça coupe les graines plus que ça ne les écrases, par contre comme c'est prévu pour des grains de café beaucoup plus gros que les graines de lin, les 2/3 des graines ne sont même pas touchées. Conclusion : pas vraiment utilisable dans ce contexte, mais le même modèle plus petit offrirait probablement de bon résultats avec une vis sans de compression plus coupante qu'écrasante l'effort musculaire est minium.
- Moulin, hachoir à hélice électrique : définitivement la solution la plus rapide, mais il y a probablement un risque de détériorer les omégas 3 si le hachage est trop prolongé! Un test intéressant est d'y aller à l'odeur qui passe par un pic quand les grains sont légèrement concassés et disparaît presque si l'on pousse le hachage au maximum (chacun est juge selon son sens olfactif, spécialement en comparant avec des grains écrasés manuellement). Globalement intéressant le matin si on est pressé et que l'on a pas envie de faire un efforts physiques l'estomac vide.
- Ancien moulin manuel pour le blé : il sort péniblement une farine de lin, mais le gros problème vient de l’encombrement et de la difficulté pour nettoyer l'ensemble efficacement.
- Moulin moderne manuel (le Jupiter en blanc sur les photos) spécialisé pour les graines mucilagineuses chia (pas testé) et lin : avec son ancêtre ci-dessous c'est le moyen à manivelle le plus efficace et dont le résultat final semble être le meilleur (odeur et texture). Il faut toutefois régler la finesse du broyage de manière précise pour obtenir un fonctionnement optimal, et éviter un échauffement du système.
- Ancien moulin à main ressemblant beaucoup au moulin ci-dessus, donc probablement un moulin spécialisé pour le lin : sa particularité est de n'avoir que 4 pièces différentes mais il ne permet pas le réglage de la finesse du broyage, pris en charge par le ressort du modèle précèdent. Ces deux modèles sont examinés plus en détail ci-dessous!
Comparaison des deux petits moulins à main version ancienne et moderne (voir les photos et les textes correspondants sur les zooms pour en savoir plus) :
Ancien moulin :
Avantages : seulement 4 parties (très facile à démonter, laver, remonter), gros trous pour insérer les grains ou graines (pas d'obstruction à cause de la taille du trou).
Inconvénients : le réservoir à grains n'est pas assez pentu et les grains ne descendent pas assez facilement (il faut donner de temps en temps des petits coup sur le cône servant de réservoir pour que ça descende), pas de possibilité de réglage (il s'agit d'un réglage moyen optimisé pour plusieurs graines), ne se fabrique plus!
Inconvénients : le réservoir à grains n'est pas assez pentu et les grains ne descendent pas assez facilement (il faut donner de temps en temps des petits coup sur le cône servant de réservoir pour que ça descende), pas de possibilité de réglage (il s'agit d'un réglage moyen optimisé pour plusieurs graines), ne se fabrique plus!
Nouveau moulin (Jupiter) :
Avantages : facilement disponible à un prix très abordable, finesse de broyage réglable, légèrement plus rapide que l'ancien modèle une fois que l'on sait régler la bonne distance de broyage, et non des moindre, possibilité d'obtenir un optimum en ce qui concerne la texture et l'odeur, de quoi réconcilier les plus réfractaires (*1) avec les excellentes propriétés des graines de lin.
Inconvénients : deux pièces de plus que le précédent, dont une petite rondelle très discrète que votre narrateur a oublié de monter les premières fois (la rondelle est nécessaire pour minimiser le bruit et éviter un échauffement supplémentaire), le trou d'amenée des graines est un peu petit et doit de temps en temps être débourré.
Conclusion : un modèle très intéressant qui gagne à être connu et que l'on maîtrise de mieux en mieux de session en session.
Inconvénients : deux pièces de plus que le précédent, dont une petite rondelle très discrète que votre narrateur a oublié de monter les premières fois (la rondelle est nécessaire pour minimiser le bruit et éviter un échauffement supplémentaire), le trou d'amenée des graines est un peu petit et doit de temps en temps être débourré.
Conclusion : un modèle très intéressant qui gagne à être connu et que l'on maîtrise de mieux en mieux de session en session.
Et si on essayait encore d'améliorer ce paradigme mécanique manuel? un modèle entièrement vertical esquissé par le moulin à poivre est tentant parce que le flux de graines est strictement vertical (moins de risque de bourrage), par contre la recherche de simplicité maximum impose une manivelle horizontale sur le sommet du cylindre (on évite une transmission par engrenage et les fixations supplémentaires) avec un grand bras de levier par rapport à la base ce qui rend nécessaire un arrimage à la table plus performant donc plus encombrant! Par contre l'ensemble étant vertical on peut imaginer un refroidissement à eau très performant (l'eau la plus froide ayant tendance à descendre là où elle est nécessaire pour le broyage et une fois chauffée elle remonte naturellement pour laisser la place à une eau plus froide, l'on peut aussi imaginer un circuit de refroidissement pour l'axe vertical ce qui avec le réservoir statique refroidirait hydrauliquement les graines par le "rotor" et le "stator", un vrais luxe pour un moulin à main )
(*1) sauf apparemment ceux qui ont fait de nombreuses peintures au lin et qui ont définitivement associés l'odeur en question avec une huile d'atelier qui ne se mange pas, dommage!
Attention, détail très important : les graines broyées à la main sont encore tout à fait capable de générer du mucilage si on les mange directement ou qu'on les mélange avec un liquide neutre du point de vue PH (eau, lait), le résultat est soit une pâtée qui colle incroyablement aux gencives, soit un effet chewing-gum qui ne se laisse jamais défaire! La solution consiste à mélanger la "farine" de lin à un liquide acide si possible vivant comme le kéfir de lait ou le kombucha : l'acidité neutralise la sécrétion du mucilage et les micro-organismes assurent que l'effet dure à long terme tout en améliorant les caractéristiques du mélange en diminuant par exemple la teneur en acide phytique.
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